LES ENFANTS DE LA FABRIQUE
Ce dessin de Van Gogh est l'un des premiers du peintre hollandais, au moment où, se croyant destiné à l'apostolat, il cherchait à rechristianiser les mineurs du Borinage, autour de Mons. Il perdit la foi, mais découvrit ses aptitudes artistiques. Le dessin est gris et triste, comme le paysage lui-même. A l'arrière-plan, des bâtiments industriels, visiblement ceux d'une mine de charbon, avec la base d'un énorme crassier, les grandes cheminées. Au second plan, maisons ouvrières, qui rappellent par leur monotonie les corons de la région minière du Nord. Au premier plan, les enfants, garçons et filles, « sclôneurs et sclôneuses allant à la fosse le matin dans la neige, sur un sentier, le long d'une haie d'épines, ombres qui passent, vaguement discernables dans le crépuscule » (lettre de Van Gogh, 20 août 1880). Un air de tristesse et de résignation se dégage de leurs figures et de leur démarche, comme s'ils s'étaient mués en automates. La tristesse est encore accentuée par le schématisme des arbres rabougris et la silhouette lugubre de femme, à gauche.
Durant tout le XIXe siècle, les enfants furent employés en foule dans l'industrie, qui appréciait leur souplesse et leur agilité dans un grand nombre de travaux et leur payait des salaires équivalents au tiers ou au quart de celui des adultes. Des lois sociales et l'obligation de l'instruction primaire limitèrent finalement les abus trop fréquents dans ce domaine.
Dessin à la plume, légèrement colorié, Van Gogh, 1880. Copyright by Rijksmuseum Kroller-Muller, Otterlo, Hollande.
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